Le projet

Défi’Pap et le contexte du dépistage du cancer du col de l’utérus

Actuellement, chaque année en France, environ 3000 femmes présentent un cancer du col de l’utérus (CCU) et parmi elles, 1000 femmes en décèdent. Pourtant, l’évolution de ce cancer est lente, il est précédé par des lésions précancéreuses spontanément régressives ou curables et les tests de dépistage sont fiables.

En France, le dépistage de ce cancer concerne toutes les femmes asymptomatiques de 25 à 65 ans incluant les femmes enceintes et les femmes ménopausées.

Depuis Juillet 2019, la Haute Autorité de Santé (Evaluation de la recherche des papillomavirus humains (HPV) en dépistage primaire des lésions précancéreuses et cancéreuses du col de l'utérus et de la place du double immuno-marquage p16/Ki67- Synthèse et Recommandations. Juillet 2019) recommande pour le dépistage primaire du cancer du col utérin l'utilisation de tests différents selon l'âge des femmes:

  1. Entre 25 et 30 ans, il reste fondé sur la réalisation d’un examen cytologique : réalisation de deux examens cytologiques à 1 an d’intervalle, puis tous les 3 ans si le résultat des deux premiers est normal.
  2. À partir de 30 ans, le test HPV (détection des HPV à haut risque) remplace l’examen cytologique comme test de dépistage primaire du CCU. Ce test est à réaliser tous les 5 ans.

Si ces tests sont positifs, un examen complémentaire sera réalisé (test HPV en cas de frottis de nature indéterminé - ASCUS ou analyse cytologique en cas de test HPV positif).

 

L'une des principales préoccupations actuelles du dépistage individuel du cancer du col utérin (CCU) en France est la non-participation des femmes ciblées (environ 40% en France), particulièrement dans la population de femmes de plus de 50 ans (Institut National du cancer - Généralisation du Dépistage du cancer du col de l'utérus / Etude médico-économique / Phase 1 - Aide à la décision - Décembre 2015; Barré, S., M. Massetti, H. Leleu, N. Catajar and F. de Bels. 2017. Caractérisation des femmes ne réalisant pas de dépistage du cancer du col de l'utérus par frottis cervico-utérin en France. Bull Epidémiol Hebd 2-3: 39-47.) 

Afin d’augmenter le taux de participation, les Autorités de Santé ont mis en place depuis 2019 un Dépistage Organisé du Cancer du Col Utérin (DO-CCU), recommandant aux femmes n’ayant pas fait de frottis depuis plus de 3 ans de réaliser un dépistage auprès d’un professionnel de santé. Dans le cadre du DO-CCU, les femmes sont sollicitées par un courrier d’invitation envoyé par les Centres Régionaux de Coordination des Dépistages des Cancers (CRCDC) et l’analyse du prélèvement par le laboratoire est prise en charge à 100% par l’assurance maladie (par contre la consultation est remboursée aux conditions habituelles).

Défi'Pap est une expérimentation lancée en 2019, impliquant de multiples partenaires afin de soutenir le dépistage organisé du cancer du col utérin (DO-CCU), en facilitant son accès aux femmes de plus de 50 ans, les plus éloignées de cette démarche. Ce programme de dépistage est actuellement évalué dans le cadre d'une recherche interventionnelle appelée RIDECA, portée par le CHU de Montpellier, sous la coordination du Dr. Nathalie BOULLE, du Laboratoire de Biologie des Tumeurs Solides - Département pathologie et oncobiologie. Ce projet est financé depuis 2020 par l'Institut National du Cancer.

Mise à jour du 07/02/2024 :
Depuis le 01/01/2024, plus de 600 femmes ont déjà accepté de participer au dépistage proposé et à l'étude RIDECA associée. Le programme Défi'Pap n'est donc plus proposé à de nouvelles femmes pour le moment et une nouvelle phase de la recherche s'ouvre désormais, celle du traitement et de l'analyse des données. Il s'agit d'une étape invisible du public mais importante et rigoureuse, effectuée par des chercheur.ses du CHU de Montpellier et de l'Université Paul Valéry. Cette nouvelle étape vise à déterminer l'utilité (acceptabilité, efficacité, efficience,…) du programme Défi'Pap, ainsi qu'à mettre en lumière les difficultés, les appréhensions, les attentes des femmes ayant participé. Les résultats obtenus seront ensuite diffusés aux instances scientifiques, médicales et politiques, afin d'envisager l'avenir du programme.

Nous tenons d'ores et déjà à remercier toutes les femmes qui, été comme hiver, en ville comme en village, ont accepté de consacrer de leur temps à la réalisation de cette recherche et à l'avenir du dépistage pour toutes les autres femmes.

Défi’Pap : Une stratégie de proximité 

La stratégie de proximité de Défi’Pap consiste à remettre un dispositif d’auto-prélèvement vaginal en main propre aux femmes le souhaitant, après un échange avec une sage-femme à-même d’informer et de répondre aux questions de la personne. Ce dispositif permet à la femme de réaliser seule le prélèvement vaginal, qui sera utilisé ensuite pour la détection des HPV à haut risque.

Depuis 2019, la HAS recommande l’auto-prélèvement vaginal comme alternative au prélèvement cervical par un professionnel de santé, permettant de faciliter le dépistage des femmes qui ne se font jamais dépister ou qui ne se font pas dépister selon le rythme recommandé. Les modalités de recours sont encadrées par un référentiel national de l'Institut National du Cancer depuis Mai 2022.

Un point essentiel pour l’adhésion des femmes à l’auto-prélèvement semble être la façon dont le dispositif de prélèvement est remis aux femmes. En effet, un certain nombre d’études en France et dans le monde ont expérimenté différents modes de distribution (ou de remise) des tests d’auto-prélèvement: envoi par la poste, disponibilité en pharmacie ou chez un professionnel de santé ou commande sur internet ou remise en mains propres. Ces stratégies ont montré une augmentation de la participation des femmes non participantes au dépistage. Selon les modalités choisies pour proposer le test, la participation des femmes peut varier : En France, l’envoi postal d’APV a permis d’obtenir 18% à 22% de participation des femmes non-participantes (Haguenoer et al. 2014; Tamalet et al. 2016), l’«opt-in » (démarche d’engagement à aller chercher ou commander le kit) a permis d’obtenir 11% de participation des femmes non-participantes (Dalstein et al. 2014) et l’envoi postal de tests HPV urinaires, 16% (Ducancelle et al. 2015). La distribution de dispositifs directement à la femme « de main à main » ou en « porte à porte » (« door-to-door ») expérimentée principalement dans des pays émergents se montre quant à elle très efficace (94%) (Arbyn M et al. 2018).

Afin de lutter contre les inégalités sociales et territoriales de santé, cette remise en main propre accompagnée de l’information nécessaire a été organisée de façon à éviter au maximum que les femmes concernées aient à se déplacer loin de leur domicile. La stratégie de proximité consiste donc à aller vers elles de 2 façons :

  • En étant présent à la Maison Départementale des Solidarités de la Haute Vallée de Limoux-Quillan, dans l’Aude (11)
  • En étant présent lors du passage du Mammobile dans certains cantons ciblés de l’Hérault (34)

Un élément important du projet DEFIPAP est de mieux analyser et comprendre la motivation (ou l'absence de motivation) des femmes à prendre soin de leur santé et à se faire dépister. Le projet comporte un volet de recherche sur la Psychologie de la Santé, mené par l'équipe du laboratoire Epsylon de l'Université Montpellier Paul Valéry, Cette étude est basée sur un questionnaire complété par toutes les femmes qui participeront au projet et sur des entretiens individuels ciblant un sous-groupe de femmes. Les résultats de cette analyse permettront d'identifier les freins et les leviers au dépistage afin de faire des propositions pour améliorer l'adhésion des femmes non participantes au dépistage du cancer du col utérin.

Quelle est la place de Défi’Pap par rapport au DO-CCU ?

Defi’Pap est un projet complémentaire au DO-CCU. Il cible les femmes de 50 à 65 ans qui ne participent pas au dépistage du cancer du col utérin spontanément ou après avoir reçu la lettre d’invitation du DO-CCU.

Il vise à améliorer l’accès au dépistage auprès de femmes éloignées de cette démarche en proposant une stratégie de proximité et de remise en main propre d’un dispositif d’auto-prélèvement vaginal à faire à la maison à partir duquel sera réalisé un test HPV.

Le Centre Régional des Dépistages des Cancers en Occitanie est un partenaire à part entière dans l'Hérault et dans l'Aude du projet Défi’Pap. Ainsi, les femmes ayant accepté de participé à ce projet seront ensuite suivies par le CRCDC-OC pour leur dépistage.

C’est un projet d’une durée de 4 ans financé par l’Institut National du Cancer (INCa) dans le cadre des projets de Recherche Interventionnelle en Santé des Populations (« RISP »). Ce projet de recherche interventionnelle a pour nom complet « RIDECA » pour « Recherche Interventionnelle DEpistage CAncer du col ». Le promoteur de cette recherche est le CHU de Montpellier.

 

Les femmes ciblées par ce projet ("critères d'inclusion") sont des femmes de 50 à 65 ans, sans pathologie antérieure du col utérin, qui n'ont pas réalisé de dépistage du cancer du col utérin depuis 3 ans ou plus.

 

Défi’Pap est un projet réalisé en Occitanie, sur 2 sites localisés dans les Départements de l’Hérault et de l’Aude.

Pour ce projet,  600 femmes devront être recrutées en 24 mois (300 femmes sur le site du Département de l’Hérault et 300 femmes sur le Département de l’Aude).